Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/160

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Toutes les autres épithètes du croiseur homérique rentrent dans cette même catégorie : le « vaisseau creux » est, en réalité, le « creux du vaisseau », la partie centrale de la coque entre les deux châteaux de l’avant et de l’arrière.

C’est une « verge en or », et non une « verge dorée », dont le Poète gratifie Hermès, le messager de Zeus. C’est « l’Homme aux Mille Tours », et non pas seulement « un homme astucieux » qu’il désigne dans le premier vers de l’Odyssée et qu’il glorifie tout au long de la geste. Dans la maison d’Ithaque, servantes et servants raniment, — nous disent les traducteurs, — le « feu infatigable » : le Poète avait devant les yeux ou l’esprit la flamme agile, montante, descendante, dansante, qui sort brusquement de la braise « où l’on conserve la semence du feu ». Le « feu infatigable » ne dit rien à nos oreilles ni à notre imagination, rien même à notre entendement. La « danse de la flamme » m’a paru évoquer de façon plus exacte la vision du Poète.

Des lignes de fleurs blanches, toutes se suivant une à une, décrivaient sur la terre couleur d’azur de longues paraboles, comme des fusées d’étoiles. Les buissons pleins de ténèbres exhalaient des odeurs chaudes, mielleuses. Il y avait des troncs d’arbre barbouillés de cinabre qui ressemblaient à des colonnes sanglantes ;