Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/164

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des Grecs et des Latins, nos auteurs du xvie siècle pouvaient avoir emprunté cet adjectif à leurs modèles : Strabon le Géographe, décrivant le lac de Némi, — cet œil sombre au fond d’un cratère éteint, — parlait du sourcil de montagne qui, tout autour, abrupt, domine et enferme en ce creux profond les eaux et le temple. Bien plus haut même que Strabon, on peut remonter jusqu’à l’Iliade, à la sourcilleuse Ilion et aux Sourcils de Callicoloné. Mais les Commentateurs antiques hésitaient déjà sur la valeur de ce terme : hauteur seulement ? ou herbages élevés ?

Homère, à son tour, est-il le premier inventeur de cette figure poétique ? La perfection de sa langue et de sa versification nous prouverait, à elle seule, qu’il eut en terres helléniques de nombreux prédécesseurs, et tels mots de l’Odyssée nous prouvent qu’il usa de figures, de pensées et de formules aussi étrangères d’origine et aussi lointaines de date que son texte put ensuite le devenir pour la Rome de Virgile et d’Ovide.

Il est des dates qu’il faut sans cesse rappeler. Si le temps homérique correspond, comme le voulait Hérodote, au ixe siècle avant notre ère, il y avait quinze et dix-huit siècles déjà que les sociétés du Levant avaient une littérature et des arts, dont la connaissance et l’empreinte sont visibles dans les ouvrages les plus anciens