Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/226

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Seule œuvre dramatique à l’origine, l’épos avait eu le monopole de la clientèle éolienne et ionienne, en ces villes royales et ces sociétés aristocratiques, où son urbanité pouvait conquérir tous les suffrages. Mais ce monopole fut de siècle en siècle entamé, puis ruiné par les inventeurs et les acteurs des nouveaux drames tragique, comique et satyrique. Or ces nouveaux ouvrages, s’ils conservaient chacun sa part de « l’astéisme » épique, attiraient la foule par d’autres attraits.

La tragédie conservait en son dialogue le sérieux, la délicatesse, la noblesse et le ton réservé de l’épos. Mais, dans la lyrique de ses chœurs, elle avait une parure éclatante et sonore, un peu lourde parfois et même excessive ; souvent même, débordant un peu dans les grands monologues, cette splendeur de l’ornement tragique éclipsait la sobre broderie de l’épos : sur l’Acropole de Phidias, les marbres teintés des petites prêtresses archaïques n’auraient pas fait grande figure auprès de la gigantesque Pallas chryséléphantine.

La comédie, de son côté, offrait au gros public un régal autrement pimenté que l’épos : c’était comme un plantureux festin des plus fines et des plus folles plaisanteries, des fantaisies les plus rares, des obscénités les plus ordurières et des parodies les plus ingénieuses.