Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/51

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nous ouvriront-elles, comme Cnossos, Mycènes et Tirynthe, toutes les archives de leur sol ? quand la terre d’Homère sera-t-elle rendue au monde civilisé ?

Touchant l’épos, néanmoins, quelques grands faits nous apparaissent, dont nous pouvons tirer ou imaginer les conséquences : le plus certain est que ces drames eurent à plaire successivement à deux sortes de public, dont la nature et les goûts étaient très différents et les exigences un peu contradictoires.

A l’origine, les aèdes composaient et récitaient leurs pièces pour une assistance que les Poésies elles-mêmes, surtout l’Odyssée, nous décrivent. Tant à Ithaque et à Sparte que chez les Phéaciens, nous voyons cet auditoire restreint d’aristocrates siéger autour d’un « grand roi » ou d’un petit prince, dans la grand’salle d’un chef héréditaire, où l’aède chantait devant une élite de nobles convives, de dames et de « riches hommes ».

L’archéologie nous montre combien cette civilisation était loin de la rudesse et de la barbarie : son cadre de richesse, d’élégance et d’art n’avait rien qui pût incliner la parole ni le geste de l’aède vers la grossièreté ou seulement vers l’outrance du ton et des mots.

Un jour l’épos, quittant ces manoirs royaux et ces petites cités aristocratiques, s’en alla