Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/63

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ce n’est pas dans mon sein qu’habite un cœur de fer ; le mien n’est que pitié.

Ces paroles sont un reproche indirect à l’amant oublieux, dont le cœur insensible et l’esprit tortueux restent impitoyables à celle qui lui fut si accueillante et bonne. Deux gestes traduiraient plus clairement cette allusion : Calypso se frappe deux fois la poitrine en disant pour moi..., dans mon sein. Faute de ces gestes, le passage a été mal compris par tels de nos meilleurs homérisants. Quelques vers plus loin, Calypso reprend la parole :

Fils de Laerte, écoute, ô rejeton des dieux, Ulysse aux mille ruses ! c’est donc vrai qu’au logis, au pays de tes pères, tu penses à présent t’en aller, tout de suite ? (Ulysse fait un signe d’assentiment)... Alors, adieu… (Ulysse fait un geste de regret) quand même !

Entre les trois parties de ce dernier vers, il faut suppléer deux réponses muettes d’Ulysse qui, par un geste de la tête ou de la main, confirme son irrévocable décision. C’est faute d’avoir noté ce geste que tel philologue déclarait apocryphes les quatre vers suivants.

Au chant I de la même Odyssée (vers 156-159), Athéna, sous les traits de Mentès, entretient Télémaque. Le repas est fini ; l’aède a préludé.