Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/64

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Comme, après un prélude, l’aède, débutant, chantait à belle voix, Télémaque, pour n’être entendu d’aucun autre, pencha le front et dit à la Vierge aux yeux pers : « Mon cher hôte, m’en voudras-tu de te parler ? Regarde-moi ces gens ! ils n’ont qu’un seul souci : la cithare et le chant ».

Le passage, pour être pleinement compris à première audition, comporte deux gestes : Télémaque montre d’un côté cette bande de prétendants qui festinent et, de l’autre, l’aède qui fait cette musique. Faute de revoir ce geste, certains éditeurs antiques changeaient le début du vers 159.

Il est un exemple surtout que les homérisants devraient avoir toujours présent à l’esprit, avant de critiquer ou de condamner un passage des Poésies ou une expression du Poète : au chant II de l’Odyssée, la plupart des Anciens et des Modernes proposent de supprimer le vers 191, tant la banalité, l’inutilité, l’obscurité leur en paraît grande. Il vaut mieux ne pas s’aventurer à les suivre.

Nous sommes dans l’assemblée d’Ithaque. Le vieil augure Halithersès a pris la parole en faveur de Télémaque. Eurymaque, un des prétendants, lui répond (vers 177-191) :

Tu nous parles d’Ulysse ! Il est mort, loin d’ici ! et que n’as-tu sombré en cette compagnie ! Tu te