Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
je fournirai pour tous… Jeunes gens, j’ai parlé. Mais vous, les rois à sceptre, il faut venir aussi en ma belle demeure : je veux que nous fêtions notre hôte en ma grand’salle. Allons ! pas de refus ! et qu’on aille chercher notre aède divin, notre Démodocos que la déesse a fait le charmeur sans rival, quel que soit le sujet où l’engage son cœur.

Il dit et, leur montrant la route, il s’en alla devant les rois à sceptre. Un héraut se rendit chez l’aède divin. Cinquante-deux rameurs, levés suivant son ordre, descendirent au bord de la mer inféconde. Quand ils eurent atteint le navire et la mer, le noir croiseur fut amené en eau profonde, puis, dans ce noir vaisseau, on chargea mât et voiles ; aux estropes de cuir, on attacha les rames ; en rade, on fut mouiller sous le cap de l’aval, et l’on revint ensuite à la grande maison du sage Alkinoos…

« Tout était déjà plein, enclos, entrées et salle », ajoute le Poète. On retrouve en ces manoirs odysséens la même disposition d’ensemble et la même distribution d’espaces vides et de bâtisses que sur le plan du manoir de Tirynthe déblayé par nos archéologues. Alkinoos et Ulysse ont leur résidence fortifiée, que protège une haute et forte enceinte ; on y pénètre par un double porche épais qui donne accès dans une grande cour, au fond de laquelle un préau conduit à l’« avant-pièce » et au grand hall.