Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/86

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Eurymaque. — … Allons, glaives dehors ! contre la pluie de flèches, prenons pour boucliers nos tables et, fondant sur lui tous à la fois, tâchons de l’écarter du seuil et de la porte pour arriver en ville et crier au secours : cet homme aurait tiré pour la dernière fois !

À ces mots, Eurymaque avec un cri sauvage sortait son glaive à pointe. Mais le divin Ulysse le prévint et tira : la flèche, sous le sein, entra dans la poitrine et courut se planter dans le foie ; Eurymaque, laissant tomber son glaive et plongeant de l’avant, le corps plié en deux, s’abattit sur la table, en renversant avec les mets la double coupe ; le front frappa le sol ; le souffle devint rauque ; le fauteuil, sous le choc des talons, culbuta ; puis les yeux se voilèrent.

Amphinomos est le troisième parmi les chefs des prétendants. Il bondit de sa place et, quittant le quatrième fauteuil de droite, franchissant les deux cadavres d’Eurymaque et d’Antinoos, il passe derrière Télémaque qui siège encore en tête de la rangée. Le glaive en mains, il marche contre Ulysse. Mais Télémaque alors, l’attaquant par derrière, lui plante entre les deux épaules sa lance dont la pointe sort par la poitrine. Et Télémaque va rejoindre sur le seuil son père et les deux serviteurs fidèles, porcher et bouvier. À eux quatre, ils s’escriment de la pique contre ce qui reste des prétendants.