Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/16

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Que deviennent alors les promesses du titre sur la forme ancienne et originale de ces poèmes ? Wolf ne parlera plus que des moyens de corriger et d’établir le texte homérique. Nous attendions, nous étions en droit d’attendre une grande étude sur l’une des questions capitales de l’histoire littéraire ; le titre nous avait promis une hypothèse scientifique sur l’origine et l’ordonnance de ce monde admirable, mais mystérieux que sont les poèmes homériques... Nous n’aurons qu’un peu d’érudition, quelques recettes philologiques, tout au plus le manuel théorique et pratique de la cuisine des textes, par celui qui se dit le meilleur des techniciens présents, passés et futurs.

Pour que le lecteur n’en puisse ignorer, Wolf insiste sur ses intentions : en 1795, toute son ambition est d’exposer les règles de la saine correction de textes, de la recensio, et d’en donner une application exemplaire aux poèmes homériques ; de l’avis commun des érudits, Homère n’a pas encore trouvé son éditeur ; non seulement depuis l’invention de l’imprimerie et depuis Démétrius Chalcondyle, mais depuis Aristarque, Zénodote et les tentatives des Alexandrins, et même, depuis la recension athénienne de Solon ou de Pisistrate, jamais Homère n’a été scientifiquement traité. Heureusement, Wolf, par dix ans, douze ans, quinze ans de travaux préliminaires, s’est préparé à cette tâche, en recherchant tous les secours que peuvent fournir grammairiens, scholiastes et autres auteurs de l’antiquité.

« Car je n’ai guère eu qu’un dessein, répète Wolf au début du chapitre vii : ce fut avant tout de corriger le texte d’Homère, suivant la règle de l’érudition antique, et de donner, mots, ponctuation et accents, un Homère