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un seul Missel échappa, dit-on, aux flammes, et servit ensuite d’original a de nouvelles copies ; mais on ne retrouva plus de Rituel, et les prêtres de Milan en rédigèrent un d’après leurs souvenirs. Nicolasll au xn° siècle, et Eugène IV au xv°, tentèrent aussi de faire disparaître le rit ambrosien, qui fut, pu contraire, autorisé par Alexandre VI en 1497. La 1" édition imprimée du Missel ambrosien date de 1482 ; la 2° parut en 1499 ; S’Charles Borromée en publia de nouvelles en 1548 et 1560, ainsi que le cardinal Frédéric Borromée en 1609, le cardinal Monti en 1640, le cardinal Puteobonelli en 1783. - B. AMBROSXENNE (Bibliothèque). Cette bibliothèque, fondée à Milan, au commencement du xvn° siècle, par le cardinal Frédéric Borromée, fut ainsi nommée en l’honneur de S’Ambroise, patron de la ville. Elle comptait au début 15,000 mss. et 35,000 vol. imprimés, et s’élève aujourd’hui a près de 100,000 vol. Borromée voulait y établir, pour s’occuper de travaux littéraires, un collège de 16 savants, sous le nom de Docteurs de la bibliothèque Ambrosienne ; mais il’n’y en a que deux. lls portent une médaille d’or, avec cette inscription : Singuli singula, indiquant- sans doute qu’ils doivent se livrer chacun à un travail spécial ; C’est dans les palimpsestes de la bibliothèque Ambrosienne que Fabbé

Angelo Mai fit ses premières découvertes de fragments d’auteurs grecs et latins. A cette bibliothèque est antâexée une galerie de tableaux, dessins et autres tgxjets ’art.. ~.

AMBULANCE, Service de premiers secours, établi particulièrement aux armées, sur les champs de bataille,

dans les tranchées d’une ville assiégée, pour assurer des soins immédiats aux blessés ; On ne commença d’avoir des services d’ambulance, en France, que depuis Henri IV et surtout sous le ministère de Louvois (1668 et 1691). Aujourd’hui, un corps d’armée ena plusieurs : une ambu ance, dite du quartier général, reçoit les blessés d’ambulances divisionnaires. Ces dernières peuvent se diviser en sections, qui suivent les fractions de Farmée dans tous leurs mouvements, et se portent aussi rapidement que possible partout où le bruit du canon et du fusil se fait entendre, partout où une rencontre* avec Fennemirend leur présence nécessaire sur le lieu même du combat. Le personnel d’une ambulance comprend, suivant son importance, 1’un chirurgien du grade de major de 1" ou de 2’classeet un nombre indéterminé d’aides-majors ; 2° un ofñcier d’administration comptable chargé du matériel, et 30 soldats infirmiers. Le matériel se compose d’un caisson pouvant servir au transport des blessés, quand il a déposé momentanément son chargement, vqui consiste en’boîtes d’instruments de chirurgie, linge à pansements, charpie, appareils à fractures, petite pharmacie, brancards, et tout ce que comporte le strict nécessaire. Ce matériel à sa place indiquée dans le caisson et sur le terrain ; le chargement et le déchargement se font très-rapidement, et une ambulance se déplace promptement et facilement au premier signal. Les ambulances les plus mobiles sont dues à. Finitiative de Larrey : sous la direction du grand chirurgien du premier Empire français, elles ont subi de nombreuses modifications indiquées par l’expérience. Depuis trente ans, Farmée française, en Afrique, a du modifier encore l’organisation de ses ambulances ; il a fallu les rendre plus légères et les approprier au service si difficile des montagnes de FAlgérie. On a ajouté des cacolets et des litières. Les cacolets sont des siéges accrochés au bat d’un mulet qui transporte a distance deux blessés se faisant équilibre. Les litières sont aussi de véritables lits très-légers, accrochés de même aux flancs d’un mulet, et sur lesquels on place les blessés qui ne pourraient se tenir assis. Ces dispositions ont été arrêtées par*un règlement général sur l’organisation des ambulances, et inséré au Journal militaire of/tciel, à la date du 1er avril 1831, et par une ordonnance ministérielle de 1832. ’

AMBULATOIBE, lieu destiné à la promenade dans un cloître, généralement une galerie.-AME

(animus), partie incorporelle de l’homme, foyer de la sensibilité, de l’entendement et de la volonté. Le peu d’accord qui régnait parmi les anciens philosophes sur la nature de l’âme conduisit les uns à n’y voir qu’un souflle (anima), ou un feu, ou une harmonie que produisait l’organi.sation du corps. Aristote voyait en, elle ce qui, dans un corps, possède la vie en puissance, et la lui donne en acte, réelle et complète ; c’est ce qu’il appelait l’Entéléchie (V. ce mot). Platon la définissait « un principe qui se ment-lui-même. » Du reste, la plul part distinguaient plusieurs ames dans l’homme, ou il plutôt- ils donnaient ce nom aux principaux modes de manifestation de la force qui anime le corps. Pythagore, Platon et quelques philosophes de *FOrient comptaient l’âme raisonnable, l’âme irascible ou courageuse, et l’âme appétitioe. Aristote en comptait cinq : Pàme nutritive, l’âme sensitive, la force motrice, l’âme appétit ive et l’âme rationnelle. Au moyen âge, les scolastiques se rapprochent de Platon, et admettent, comme lui, trois divisions. Ce fut Descartes qui, en précisant nettement les attributs de la matière et ceux de ljesprit, établit entre le corps et l’âme une ligne de démarcation que la nature opposée de l’étendue et de la pensée ne permet pas de méconnaître. Uobservation psychologique conduit donc à reconnaître que Fàme est dans l’homme le principe qui sent, qui pense et qui veut.

Sa nature et ses caractères. Considérée dans sa nature et d’après les caractères qui lui sont propres, Fdme est une force simple et identique, susceptible de sentiment, d’intelligence et de liberté. Elle se distingue du moi, en ce que celui-ci indique un certain développement de nos facultés, et surtout de la volonté, qui constitue la personnalité humaine. Substantiellement l’âme et le moi ne sont qu’un seul et même être ; aussi emploie-t-on ordinairement ces deux mots l’un pour l’autre. - La pensée s’explique par Funité, Fidentité et l’activi2é ; elle nécessite donc ces trois attributs dans Fètre qui pense. S’ils’se trouvent dans la partie matérielle de l’homme, on sera contraint de reconnaître que la pensée n’est pas incompatible avec la matière ; si, au contraire, ils ne peuvent pas s’y trouver, il faudra bien admettre l’existence d’un principe pensant différent du corps, c.-à-d. l’âme.—La pensée est un fait que personne ne songe à mettre en doute, et ce fait est impossible sans Funité du moi, c.-a-d. sans un être un, indivisible. L’observation de ce qui se passe en nous suñit pour le prouver. Ainsi, j’éprouve dans le même instant une douleur à la jambe, une autre à la main, une troisième aux dents ; y a-t-il en moi trois êtres qui puissent dire : Fun, je soufl’re a la jambe ; un second, je soutïre à la main ; un troisième, je souffre des dents ? Il n’y en a qu’un qui parle, -comme il n’y en a qu’un qui éprouve les sensations douloureuses qui font le sujet de sa pensée. De plus, cette unité est indivisible ; car la comparaison entre les différentes douleurs serait impossible ; sans elle, comment rapprocher trois manières d’être, si Fon n’en ressent qu’une’l Comment dire que Fune est plus intense que chacune des deux autres ? Il faut nécessairement Qque le moi soit un pour juger ces trois faits, et en général la variété incessante des phénomènes qui viennent se fondre et s’absorber en lui.-Supposons maintenant que les trois faits aient eu lieu à des époques différentes. Le moi dira : j’ai soutïert de la jambe il y a un an, j’ai été blessé à la main il y à six mois, j’ai éprouvé de violents maux de dents il y a quinze jours ; c’est toujours un être un qui parle, Funité est toujours là ; mais en même temps apparaît un autre caractère du moi, Fidentité. l’identité, c’est Funité continue, c’est la manifestation d’un être qui reste le même. Le moi ne sait qu’il a souffert que parce qu’il se souvient, et se souvenir, c’est se retrouver tel qu’un était à un moment donné du passé. La substance qui est l’âme ou le moi n’a donc pas changé ; ses modes ont varié, mais elle est restée ce qu’elle était, elle n’a rien perdu dlelle-même. A 60, à 80 ans, elle se souviendra exactement de certains faits, arrivés alors ; par la mémoire, qui est la conscience du passé, l’âme se verra dans ces instants de sa durée, comme par le sens intime elle se voit dans le présent. Elle n’a pas pu changer, -puisqu’elle-est indivisible. L’ame est donc déjà une et identique.- De plus, elle est active, elle montre une puissance qui la distingue éminemment de tous les etres matériels. Les corps bruts obéissent sans le savoir et sans le vouloir à la force qui les pousse ; l’homme agit le sachant et le voulant, dans un but qui est sa pensée, vers lequel il se dirige et sur lequel il réfléchit. Cette activité morale met l’homme au-dessus de la brute, comme elle le place.au-dessus de ce qui n’est que matière. Ainsi l’âme se montre dans ses actes une, identique et active ; c’est toujours elle, et.tout entière, et toujours la même qui dit : je sens, je connais, j’agis.,

Ces trois caractères : Funité, Fidentité, la volonté, se trouvent-ils également- dans les objets matériels., et notamment dans le corps humain ? Si oui, nous sommes forcés d’admettre qu’il n’y a qu’une seule substance ; si non, le contraire est inévitable, et l’âme est une substance différente du corps. Or, Funité dans les corps n’est que nominale, puisqu’ils sont composés de part ;-