Page:Bachelet - Dezobry - Dictionnaire général des lettres, des beaux-arts et des sciences morales et politiques.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

’ ACC 23 ACC’.

mende un propriétaire, les meubles acquis, etc., ne sont que des accumulations de richesse, et la richesse sociale tout entière ne so compose que de travail ou de profits accumulés. L.

Accuiiuwriox, figure de Rhétorique, nommée par certains rhéteurs atltroîsme ou synathroïsme (du verbe grec alhroizû ou sunathroizó, amasser). Elle consiste lt ras : sembler dans une même phrase, sous une même forme et dans le même mouvement, un grand nombre de détails qui développent l’idée principale. En voici un bel exemple pris de Massillon : « L’ambitieux ne jouit ; de rien : ni de sa gloire, il la trouve obscure ; ni de ses places, il veut monter plus haut ; ni de sa prospérité, il sèche <1 et dépérit au milieu de son abondance ; ni des hommages qu’on lui rend, ils sont empoisonnés par ceux qu’1l est obligé de rendre lui-même ; ni de sa faveur, elle devient amère dès qu’il faut la partager avec ses concurrents ; ni de son repos, il est malheureux à mesure qu”il est obligé d’être plus tranquille. » Cette figure s’appelait en latin conneries ou’coacervalio, amas, entassement. Elle se rattache à. Painplification et en particulier à. Penumération des parties et des circonstances. P.

ACCUSATEUR PUBLIC, nom donné, sous la 1" République française, au magistrat chargé du ministère public (V. ce mot) près d’un tribunal criminel. D’après la Constitution de 1791, ce magistrat était nommé par le roi. Le code de 1795 le fit élire par l’assemblée électorale. Depuis 1799, l’accusateur public achangé de nom : on l’a appelé, suivant les temps, procureur de la république, procureur du roi, procureur impérial. Il est toutefois plus rigoureusement exact de dire que, sous ces trois ou quatre dénominations, les membres du ministère public ont réuni et cumulé les fonctions que remplissaient conjointement les commissaires royaux ou nationaux et l’accusateur public après l’institution qui en a été faite en 1790. Le rôle terrible que remplit l’accusateur public près du Tribunal révolutionnaire a laissé sur cette appellation un souvenir assez fâcheux. Les accusateurs publics proprement dits furent supprimés par la loi du 22 frimaire au vm (13 décemb. 1799). L-X.

’ ACCUSA’1’Il*’, troisième cas oblique des langues grecque, latine, allemande, où il correspond, par rapport à. la syntaxe, à ce que nous appelons en français complément ou régime direct. D’où cette règle commune aux trois idiomes : Cl Tout verbe actif gouverne l’accusatif. » Mais, outre le complément des verbes actifs, on met a l’accusatif le nom de l’état ou de l’action exprime par beaucoup de verbes neutres, surtout lorsque ce nom est liú it un adjectif qualificatif, déterminatif, démonstratif, conjonctif ; et i à une signification analogue a celle du verbe quand il n’a pas le même radical. C’est ainsi que 1’on dit en latin : pugrtare pugnam (combattre un combat), citant *viœit fclicem (il a vécu une vie heureuse). On lit dans Plaute : ’rniruïn somniaol somniunt (j’ai songé un songe étonnant) ; ce qui revient à ces deux locutions de Bossuet et de Voltaire 1 dormez *votre S0)11171811, ’ il songea un beau songe. Au reste, on trouve plusieurs exemples de cette construction avec des verbes actifs : prœclara facinora facere (faire des exploits brillants) ; cantilenam eamdern canere, chanter toujours la même chanson. - De pugnare pugnam, on a passé à une alliance de mots plus, hardie : vincere- bellum (terminer une guerre par la victoire).De la fuincere, coronari Olympia (remporter les couronnes Olympiques). ~ ll faut rattacher à ces faits et à. ces observations l’emploi de l’accusatif d’un adjectif neutre pour rendre l’expression du regard : tor-va tuens, transversal tuentes.

l’accusatif se met directement, en grec et en latin,

après les verbes neutres qui expriment le mouvement, lorsqu’ils sont accompagnés du nom de la route que l’on suit, ou même : le celui du but où l’on se dirige ; ainsi, en latin : abioiam tuam ; itque redit que oialn ; conscendere navem ; proficiscitur Alhenas ; redire domuln ; ego rus tbo.. — Uaccusatif est encore d’usage après certains verbes neutres qui, neutres par le sens, éveillent néanmoins dans l’esprit l*idée du sens transitif. Il en est ainsi dans ces expressions latines : Horrere bellum (redouter la guerre) ; erubescere deos (rougir devant, craindre les dieux) ; jura fidemque supplicia eruhuit (il rougit de violer, il respecta les droits de Priam suppliant). - On donnait aussi l’accusatif pour complément aux verbes, même passifs, exprimant les signes matériels et violents par lesquels se manifestaient chez les Anciens l’affliction et le désespoir, comme plangere funera, pOur dire pleurer ídeflere) une mort. Au reste, pleurer la mort est une locution déjà hardie en français : car pleurer est un verbe neutre intransitif, et ce n’est que par exception qu’on lui donne quelquefois ainsi un complément direct.-L’accusatif se mettait encore, soit après les verbes passifs, soit après les verbes neutres, pour désigner la partie du sujet à laquelle se rapporte spécialement l’état exprimé par le verbe : fractus membra, çolla tumentem, suffunditur ora rubore. Quelques adjectifs suivaient la même construction = nuda pedes, [lava comas. Dans les trois langues grecque, latine, allemande, l’accusatif sert encore à déterminer la mesure, la distance, la durée, le temps, l’âge. Quoique’la langue anglaise n’ait point de cas, on peut, par analogie, regarder comme une sorte d’accusatit’les noms employés sans préposition après les adjectifs qui indiquent la mesure : twenty feet high, haut [de] vingt pieds. Il en est de même en italien. On trouve, en latin et en allemand, l’accusatif avec quelques interjections. On l’explique par Pellipse d’un verbe. Proh/ Deúm ltominumque fldeml- O fortunalos nimium agricoles ! — 0 mich unglüclclíchen ! Rien de plus fréquent dans la langue grecque qua d*employer deux accusatifs pour exprimer Fobjet direct et l’objot indirect de l’action, particulièrement avec les verbes signifiant obliger ou désobliger, bien ou mal traiter en paroles, en action, interroger, demander, enlever, dépouiller, oétir, instruire, cacher, etc. Dans ces verbes, on peut considérer le 1" complément comme incorporé au verbe, et ne faisant plus avec lui qu’un seul et même mot, dont le 2° accusatif est le complément direct. De même, eu latin, bene dicere et male dicerc ont fini par prendre, dans la langue de la décadence, un sens actif, et ont gouverné l’accusatif. La langue latine faisait un fréquent usage des deux accusatifs, surtout lorsque le nom de chose était un déterminatif neutre, comme aliquid, nihíl, hoc, illud, multuln, multa, pauca. - On trouve, en allemand, des exemples de cette syntaxe avec les verbes fragen (interroger), lebren (enseigner), *nennen (nommer), heissen (appeler, ordonner). En grec et en latin, les verbes qui, à. l’actif, prenaient deux compléments à. l’accusatif, gardaient à la voix passive celui qui représentait le nom de la chose : docenturpucri grammatical. De la chez les poëtes latins : eœuvias iiidutiw, tractus lora. ’

Un des roles essentiels de l’accusatif dans les langues anciennes était de servir de sujet aux propositions subordonnes complétives qui étaient à l’infinitif, particulièrement, du moins en grec, lorsque le sujet des deux propositions n”était pas le même. Ainsi : tradunt Homerunt cœcum fuísse. Ce sujet se mettait également a l’accusatif, lorsque l’infinitif servait lui-même de sujet atoute une phrase : errare hominem nihil mirum est ; *matos cioes cognosci reipublicce utile est.

En grec l’accusatif sert de sujet à certaines propositions circonstancielles ne renfermant d’autre verbe qu’un participe, et qui habituellement se mettent au genitif dans cette langue et a l’ablatif en latin (V. Ablalif absolu, Génitif absolu) ; il est dit alors accusatif absolu. Cela se présente particulièrement lorsque le participe appartient à un verbe essentiellement ou accidentellement impersonnel, ou au verbe substantif accompagne d’un adjectif neutre, et que le sujet est lui-même indéterminé ou marqué par un infinitif. (V. de nombreux exemples dans la Grammaire grecque de Matthiœ, § 562 fin, et § 504.)

Enfin, l’accusatif sert de complément indirect à des noms, à des adjectifs, à des verbes, en grec, en latin, et en allemand, a l’aide d’un certain nombre de prépositions (V. Pnsrosrrioiv). P.

ACCUSATION, action intentée et suivie, au nom de la société, contre l’auteur d’un crime. Elle se distingue de la dénonciation : 1° en ce que celle-ci est la simple révélation d*un crime ou du nom d’un coupable, faite par une personne qui n’a aucun caractère public à celle qui a mission de poursuite, tandis que l’accusation est la poursuite elle-même ; 2° en ce que l’accusateur est partie dans l’accusation, tandis que le dénonciateur n’y figure tout au plus que comme témoin, ou comme partie civile s’il a été lésé..

Chez la plupart des peuples de l’antiquité, l’accusation était publique, c.-lt-d. que tout citoyen avait le droit d’en accuser un autre, parce qu’il était censé avoir pour le bien public un zèle sans bornes, et tenir tous les droits de la patrie dans s es mains. A Athènes, dans une cause qui intéressait l’l5tat, l’accusateur était puni d’une amende de 1,000 drachmes (020 fr.), s’il n’obtenait pas au tribunal la »5° partie des suffrages ; mais, s*il triomphait, 1