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lter sa sur

cnitfis pécuniaires d’une seule personne ; 2° d’essayer

même des opérations utiles, mais douteuses, en répartis ;

sant.les pertes possibles sur un grand nombre d’actionnaires auxquels garantie est donnée que léur perte n’excédera pas une certaine somme ; 3° de mobiliser une partie de la richesse nationale, et de lui donner une certaine valeur de circulation ; 4°>de fournir un emploi avantageux aux petits capitaux, en leur permettant de participer aux grandes affaires.

ACTION. On appelle ainsi, dans certaines œuvres littéraires, la suite et l’ensemble des événements et des faits mis en scène ou racontés par l’auteur. Il y a des œuvres où il ne faut point chercher d’action : Félégîe et Fode, par exemple, n’en ont pas, et ne sont que l’expression de certains sentiments et de certaines idées. Au contraire, les ouvrages scéniques ou narratifs en ont une ; on y voit des personnages agissants.

I. Drame, en grec, signifie action. Les œuvres dramatiques sont donc essentiellement des actions représentées sur le théâtre. Le mot acte, en latin et en français, n’a pas un autre sens, et, dans la langue littéraire, il sert a désigner les actions partielles qui composent l’action générale. Une pièce en cinq actes est ou doit être la représentation d’un événement qui passe par cinq phases

distinctes ; ces phases sont déterminées par le développement naturel du fait principal et par des incidents. Les révolutions diverses produites dans la situation des personnages et le cours de l’action s’appellent, périhélies. La donnée dramatique se ramenant à une question qui embrasse le sort des personnages et de leur entreprise, la condition principale à laquelle est subordonnée la solution de cette question s’appelle nœud ; la solution finale est le dénomment. L’action peut se nouer ; se dénouer et se renouer plusieurs fois dans le cours de la pièce : elle ne doit pourtant pas se dénouer entièrement pour se renouer à nouveau ; mais le nœud peut se relâcher pour se resserrer ensuite, jusqu’à la catastrophe ou conclusion définitive. Enfin, toute cette action doit être précédée d’une imposition, dans laquelle le spectateur est instruit de Fétat où sont les choses et les personnes au moment où l’auteur les prend pour les transporter sur la scène. Ainsi, exposition, développements du fait principal ou incidents qui déterminent la division des actes, noeud, péripéties, dénomment, voila les éléments de l’actíon scénique. Quelles en sont les règles ? L’action doit être intéressante : pour cela il faut qu’elle soit une, simple, vraisemblable : vraisemblable, parce qu”on ne s’intéresse qu’à ce que l’on croit vrai ou possible ; simple, parce que l’esprit n’a pas le temps de s’attacher ou le cœur de s’émouvoir, quand ils sont embarrassés ou troublés par une complication trop grande d’événements ou de personnages ; une, parce que, s’il y à deux ou plusieurs actions simultanées, elles se nuisent Fune à l’autre : successives, la faute serait encore plus choquante, on aurait ainsi deux pièces. Boileau disait (Art poellque, ch. ni) : Qu’en un lleu. qu’en un temps, un seul fait accompll Tienne jusqu’ä la fin le théâtre rempli.

C’est ce qu’on appelait les trois unités, de lieu, de temps, et d’action. Dans l’intérêt de la vraisemblance, on ne voulait pas que la scène se transportât d’un lieu et un autre, et que les événements prissent plus de vingt-quatre heures. On peut demander un peu plus à l’imagination du public, et ces prescriptions trop rigoureuses, peu utiles pour les spectateurs, sont fort génantes pour les écrivains. Au contraire, Funité d’action n’est jamais trop rigoureuse.- Ces conditions remplies, pour que l’action soit intéressante, il faut encore qu’elle soit féconde en situations, en idées, en sentiments et en traits. L’intérêt sort de deux sources, des événements ou de l’action même, et des caractères des personnages.

il faut, sans doute, que ce double intérêt se rencontre dans la même pièce ; mais il y a des pièces où l’auteur se propose surtout de développer, par une profonde analyse, le caractère des personnages, leurs mœurs, leur esprit, leurs passions ; il compte moins sur les péripéties et les coups de théâtre, et n’a pas besoin de les multiplier. Il y en a d’autres, au contraire, où l’action et le mouvement extérieur des faits constituent l’élément le plus considérable et le principal intérêt. Ce sont les pièces d’intrigue et les pièces de caractère. Ces désignations s’appliquent plus spécialement aux œuvres comiques, tout en s’adaptant aux œuvres scéniques en -général. Mais on peut poser en principe que la complication des événements, Fimbroglio de l’action, qui peut faire le succès d’une comédie, ne convient pas aux compositions sérieuses. Il y a enfin un genre qui ne convient aussi qu’aux comédies, et dans lequel, à une action unique et liée dans toutes ses parties, on substitue une série de petites ac› tions détachées, dont chacune occupe une scène, de manière à former pourtant un certan : ensemble : c’est ce qu’on appelle pièce à tiroirs.

Outre ces règles générales, il y en a de particulières pour les différentes parties de l’action : ainsi Fon convient que l’exposition doit être brève, claire, propre å faire connaître d’avance le caractère des principaux personnages en même temps que leur situation ; que le théâtre, excepté dans les entractes, ne doit jamais rester vide ; que les scènes doivent être amenées les unes par les autres ; que les incidents doivent sortir naturellement du sujet et des circonstances ; que toutes les scènes et tous les incidents doivent être utiles, soit au développement régulier de l’action, soit à son intérêt. Les œuvres sérieuses, celles qui appartiennent 21 l’art le plus élevé, les tragédies, les comédies, les drames, sont évidemment celles où l’action doit être la plus régulière et la plus forte. Dans les opéras boutfes ou même sérieux, les ballets, les pièces à. décorations, a musique, à. divertissements, le poëme n’est qu’un libretto ; l’action n’est qu’un prétexte, un cadre pour les danses, la musique et les spectacles, et elle a moins dïmportance. Il est pourtant vrai de dire qu’on la néglige le plus souvent à Fexcès, ce qui fait un tort sensible au plaisir du spectateur et au succès des représentations. II. Les épopées, les grands poëmes héroïques, pastoraux, et, en général, les grandes compositions de poésie narrative, ont une action dont le développement est soumis à des règles qui ne sont, d’ailleurs, comme celles des ouvrages scéniques, que les règles du bon sens et du goût. L’action peut être simple ou complexe ; mais il faut toujours qu’elle soit une ; elle peut s’impliquer d’actions incidentes ou secondaires et d’épisodes ; mais toutes ses parties doivent être comme les membres du poëme, s’adapter à sa forme, à ses mouvements, et former avec lui un cgps harmonieux. Tout doit y être naturel et proportion. Il ne faut pas que le principal soit étouffé par les accessoires, et que la marche générale soit arrêtée ou ralentie. Rien n’est plus simple que l’action de Flliarle ; rien n’est plus multiple que l’action du Iloland Furieua : : ily a unité dans les deux ; le génie d’l*lomère aété de remplir son poème avec un petit nombre de faits largement développés, et celui d’Arioste de conduire à. la fois et de rassembler dans un même cadre de nombreux personnages et des scènes innombrables. Unité dans la simplicité ou la complexité, naturel, rapidité, intérêt toujours croissant depuis le commencement jusqu’à la fin, conception nette, définition précise, voila les règles fondamentales. ’ ’

Les poëmes cycliques dans l’antiquité, les chansons-de gestes au moyen âge, n’ont point cette forte unité, cette progression continue, qu”on demande aux œuvres d’un art plus savant. Racontant dans l’ordre de la succession chronologique des faits une série d’exploits ou la vie entière d’un personnage, tout ce qu’on peut exiger, c’est que le poëte n’admette dans son action que des faits intéressants, variés, naturellement amenés, et liés entre eux. Il doit aussi faire en sorte que les derniers tableaux soient d’un effet saisissant, que son poème ne s’allauguisse pas dans le sommeil et ne s’éteigne pas dans Fombre.

Ill. Les romans, bien qu’écrit en prose, participent de la nature et des lois des grands poëmes. Ajoutons seulement que leur action peut avoir des caractères plus variés, parce qu’elle se tire de la vie humaine A tous les rangs de la société ; qu’elle est soumise, en outre, à la loi de la vraisemblance, parce qu’elle nous reproduit des réalités où le merveilleux n’a point ordinairement le droit de se mélcr. Il y a des exceptions pourtant, et, dans certains Vromans, le fantastique ou le surnaturel joue un role. Il faut alors que la partie merveilleuse de l’action, tout en produisant ses effets propres, et même pour les produire, se conforme ’à une sorte de vraisemblance qui lui est particulière, et se fonde dans la partie naturelle qu’elle doit animer et transformer..

IV. Dans les plus petits poèmes, dans les moindres morceaux, il peut y avoir encore une action. Les fables de La Fontaine sont le plus souvent de petits drames, racontés ou dialogués ; il a lui-même défini son œuvre une ample comédie d cent actes divers. Il y a telle pièce de poésie légère, telle pensée de Pascal ou de La Bruyère, où Fon trouve la forme et le mouvement d’une action. Plus cette action est courte et concentrée, plus elle doit 3