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ALB et ALC

ALBATBE. On a employé, dès l’antiquité, Yalbàtre calcaire pour faire des vases d’ornement, des urnes cinéraires, des vases à. parfums, des coupes, etc. Comme c’est une matière formée par couches feuilletées qui se détachent aisément, elle est d’un travail difficile. Aussi les Anciens n’ont-ils pas fait souvent des figures entières d’albâtre ; les extrémités et la tête étaient ordinairement d’une autre matière : il y a, par exemple, à la villa Albani plusieurs bustes dont la poitrine est en albatre et la tête en bronze. Cependant on conserve au College romain une Isis entièrement en albatre, et une autre dans cette même villa Albani, qui contient en outre une colonne en albdtra fleuri, c.-à-d. À couches de différentes nuances. L’albatre oriental, que les Anciens tiraient de l’Égypte sous le nom de marbre onycv, se distingue par une translucidité parfaite : on en peut juger par la statue égyptienne que possède le musée du Louvre. Aussi les Anciens s’en servaient-ils en guise de verre pour garnir leurs fenêtres, et on voit encore à. l’église San Miniato de Florence quatre croisées garnies de dalles transparentes en albatre oriental. L’albátre gypseux, plus blanc et plus facile à travailler que l’albâtre calcaire, sert a fabriquer de petites figures, des copies de monuments, des lampes, des chasses de pendules, des revêtements de cheminées, etc. Le plus beau est celui qu’on trouve à Volterra (TOSCGIIG) et que l’on met en œuvre à Florence. Du xnr’ au xvi* siècle, Palbatre a été fréquemment employé pour faire des statues de tombeaux, des bas-reliefs décoratifs, des rétables, et des ornements découpés se détachant sur du marbre noir. Les musées du Louvre et des Beaux-Arts à Paris, l’abbaye de S’-Denis, le musée de Toulouse, contiennent de belles statues en albatre, prove-nant de tombeaux. On voit dans la cathédrale de Narbonne une statue admirable de la S’° Vierge, en albàtre oriental, et plus grande que nature ; elle appartient au x1v° siècle. Les draperies des statuesven albätre sont le plus souvent polies, tandis que les nus sont à peu près mats ; quelquefois c’est le contraire qui a lieu : ou bien, l’œuvre entière, sauf les nus, est peinte et dorée. B. ALBERTUS, ou Ecus d’Albert, en allemand Albertusthaler, appelés encore thalers d la croùzz, thalers de Brabant ou de Bourgogne, pièces de monnaie d’argent, que l’archiduc Albert, gouverneur des Pays-Bas, fit frapper à. partir de 1598. Ils étaient aux armes et à la croix de S*-André. Il en entrait 9 3/4 au marc d’argent fin, et ils valaient un peu plus de 5 fr. Des écus d’AlberL furent frappés dans les autres pays : dans le Brunswick, en 1747 ; par l’impératrice Marie-Thérèse, en 1752 ; par le duc de Holstein, Pierre, grand-duc de Russie, en 1753 ; par le grand Frédéric, en 1707, et par son successeur Frédéric-Guillaume II, en 1797 ; par les ducs de Courlande, de 1752 a 1780. - Il yeut aussi. en Courlande, en Sémigalle et en Livonie, des florins d’Albertus et des gros d’Albertus, comme monnaie de compte : il fallait 3 de ces florins, 30 de ces gros pour faire un thaler d’Albertusi ALBI (S’°~Cécile d’). L’aspect extérieur de cette cathédrale est triste, et ne fait nullement soupçonner la beauté et la richesse de l’intérieur. C’est un modèle de ces églises du moyen âge qui pouvaient, au besoin, servir de forteresses. On sait, en effet, que, du côté septentrional, des sacristies fortifiées la reliaient a l’éveché, défendu lui-même par des murailles et un donjon, et qu’une enceinte longeait le côté méridional. La cathédrale d’Albi est, comme disposition de plan, comme structure, un édifice roman et même antique, mais ogival dans les moyens d’exécution. C’est la plus vaste construction en brique qu’il y ait en France : elle ne présente au dehors ni galeries, ni tourelles, ni clochetons ; ce sont des murailles lisses, de 38 mèt. d’élévation, sans sculptures, sans statues. Une immense tour, de 94 met. de hauteur, construite aussi en brique, s’élève au bas de la nef ; sans ouvertures extérieures a rez-de-chaussée, elle est formée de plusieurs étages en retraite, et se termine par une plate-forme octogone. Comme on a voulu établir à cette extrémité de l’édifice un chœur pour les offices de la paroisse, et réserver l’autre chœur au chapitre, § l’entrée de l’église est latérale, du côté du sud ; il y à la un admirable porche, composé de quatre grandes arcades avec un riche couronnement sculpté a jour au xv’siècle, mais fort maltraité pendant la Révolution ; ce porche conduit, par un large escalier en pierre de taille, a un beau péristyle, de 12 met. carrés, où se trouve la porte d’entrée. L’intérieur du vaisseau, qui a 10511125 de longueur, sur 27m 28 de largeur et 31 met. de hauteur, ne forme qu’une seule nef, sans transept ni’bas côtés, et autour de laquelle on a pratiqué 28 chapelles, polygonales au chevet, carrées dans la nef, et surmontées d’une galcriea la moitié environ de la hauteur de l’édifice. C’est dans cette galerie que sont percées, entre les contre-forts, les longues et étroites fenêtres qui éclairent tout le vaisseau. Au milieu de la nef s’élève un jubé percé de trois portes, sur lequel la sculpture du xv° siècle a épuisé tous ses caprices, toute sa science. Ce jubé, que M. Mérimée appelle une magnifique folie, est sans contredit le plus élégant, le plus riche, le plus délicat qui existe. La pierre dure et cassante du pays, avec laquelle il est construit, a été fouillée et ciselée avec une finesse qu’on oserait à peine tenter sur des matériaux malléables. On admire avec autant de raison la cloture du chœur, qui n’est en quelque sorte que le prolongement du jubé : elle - ofi’re extérieurement 72 statues de prophètes, de patriarches et de femmes célèbres de l’Ancien Testament, et, à l’intérieur, les statues des apôtres et celles des anges musiciens, auxquelles sont adossées des stalles richement sculptées. Les statues des apôtres sont dans le sanctuaire ; elles tiennent des légendes, dont l’ensemble forme le Credo. Derrière l’autel est une statue de la S*° Vierge, chef-d’œuvre de simplicité et d’expression. - Les murailles et la voute ogivale de l’église sont entièrement couvertes de magnifiques peintures à fresque, sur fond bleu, et rehaussées d*or. C’est le plus grand ouvrage de ce genre qui ait jamais existé. Ces peintures, dont les sujets sont empruntés å. l’Ancien et au Nouveau Testament, paraissent exécutées par des artistes italiens de l’école du Pérugin ; le travail dura de 1502 à 1510. Des vitraux, assez bien conservés, répandent sur cet ensemble harmonieux leurs suaves reflets. L’orgue et la chaire sont également remarquables. - La cathédrale d’Albi, dont le plan fut donné par l’évêque Bernard de Castanet, resta longtemps en construction : commencée en 1282 ; consacrée en 1480, elle ne fut achevée qu’en 1512. V. E. d’Auriac, Histoire de la cathédrale d’Albi, 1858. E. L. ALBIGEOIS (Poéme sur la croisade contre les).Il est en langue provençale, et fut composé de 1208 à. 1219 par un auteur inconnu, qui n’est désigné dans le manuscrit que par l’initiale W. Ce poème, vraiment historique, se distingue par l’exactitude des détails, la connaissance parfaite des lieux, qui font reconnaître dans l’auteur un témoin de la croisade, un homme du pays de Toulouse. Son sentiment sur l’expédition change avec les événements : au début de la guerre, il est favorable aux barvns français ; après la bataille de Muret, il n’a de vœux que pour les opprimés, les Albigeois. -La Croisade albigeoise se trouve à la Bibliothèque impériale de’Paris en un manuscrit de la seconde moitié du XIII” siècle : la Bibliothèque de l’Arsenal en possède une copie moderne. Elle a été publiée par Fauriel, Paris, 1837, in-4-°. V. l’Histoire littéraire de la France, t. xxn. H. D.

ALBO-GALERUS, coitîure. V. Avsx, dans notre Dictionnaire de Biographie et d’Hislo£re.

ALBUM, muraille blanchie, sur laquelle les magistrats romains faisaient écrire en grosses lettres leurs édits. (V. notre Dictiomt. de Biographie et d’HLstoire.) -Chez nous, un Album est une sorte de livre apages blanches, un cahier, presque toujours relié avec luxe, et dont le beau papier fin est destiné à recevoir tout ce que l’on veut y tracer, prose ou vers, musique ou dessins. C’est ordinairement par des amis ou des connaissances que l’on fait remplir un album. Les dames surtout ont des albums. L’usage paraît nous en venir d’Allemagne, où on les nomme stammbuch (livre de souche ou de famille) ; il s’introduisit en France au commencement du x1x° siècle. -Les compositeurs de musique donnent le nom d’album au recueil de morceaux qu’ils publient annuellement à l’approche des étrennes ; c’est sans doute parce que la plupart de ces morceaux sont ornés de jolis dessins lithographiés. ALBUS ou Pfennig blanc, en allemand weisspfemníg, monnaie d’argent, frappée à partir de 1360, sous l’empereur Charles IV, et qui avait surtout cours dans l’électorat de Cologne et dans la Hesse-Cassel, valait 9 pfennigs. Elle n’est plus en usage.

ALCAIQUE (Vers), vers lyrique hendécasyllabe, inventé par le poëte grec Alcée (vn’siècle av. J.-C.). C’est un iambique de 5 pieds, dont le 4° est toujours un anapeste, et qui doit avoir après le 2° pied une césure marquée par une syllabe, longue ou brève, faisant partie du mot précédent ou s’appuyant sur lui. Les poëtes latins qui ont employé ce mètre le commencent presque toujours par un spondéeÿla césure est habituellement longue ; il est donc fort rare que le 3° pied soit un îambe.-