Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/160

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clin à l’erreur que le sens. Car les hommes ont beau se complaire en leurs propres pensées ; ils ont beau rester toujours en admiration et presque en adoration devant l’esprit humain, il n’en est pas moins certain que, de même qu’un miroir inégal fléchit et altère les rayons des objets en raison de sa figure et de sa coupe ; de même aussi l’esprit humain, lorsqu’il est soumis à l’action des choses par l’entremise des sens, en formant ou ruminant ses notions, mêle d’assez mauvaise foi à la nature des choses, greffe, pour ainsi dire, sur elle sa propre nature.

Or, ces deux premières espèces de fantômes sont assez difficiles à écarter. Quant à ceux de la dernière espèce, il est tout-à-fait impossible de les chasser entièrement. Reste donc à les indiquer, ces fantômes ; à marquer cette force qui tend des embûches à l’esprit humain ; à la prendre, pour ainsi dire, sur le fait, de peur qu’après avoir détruit les anciennes illusions, de nouveaux rejetons d’erreur ne pullulent en vertu de