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PRÉFACE

tres inhabiles à toutes les fonctions de la vie active, soit publique, soit privée, et qui se regardent comme trop riches de leur propre fonds, pour avoir besoin de recourir à des livres ; la jalousie et la défiance des théologiens, qui semblent craindre que la foi ne perde tout ce que gagnera la philosophie, et que le sceptre de l’opinion ne passe de la main du prêtre dans celle du philosophe : enfin, les erreurs mêmes des lettrés, par rapport au véritable but des lettres, à la méthode qu’on doit suivre dans la recherche de la vérité, et à la manière de l’exposer : reproches intéressés, auxquels il me sera facile de répondre, sans le secours des récriminations. En effet, attribuer aux lettres les erreurs ou les vices des lettrés, c’est imputer à l’outil la mal-adresse de l’ouvrier, ou au couteau, le crime de l’assassin. La seule précaution nécessaire pour donner aux hommes des connoissances, sans y mêler des vices, et pour prévenir l’abus qu’ils peuvent faire des sciences, c’est