Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/200

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d’avis, en plein sénat, d’expédier les affaires qui l’avoient amené, et de renvoyer au plus tôt cet homme dangereux, de peur qu’infectant et fascinant les esprits, il n’introduisît, sans qu’on s’en apperçût, de pernicieuses nouveautés dans les mœurs et les coutumes de la patrie. C’est cette même raison qui portoit Virgile (lequel ne faisait pas difficulté de préférer la gloire de sa patrie à ses propres goûts) à séparer les arts politiques des arts littéraires, et à réclamer les premiers pour les Romains, en abandonnant les derniers aux Grecs, comme il le dit dans ces vers si connus.

Souviens toi, ô Romain ! qu’à toi seul appartient de donner des loix à l’univers, tels seront les seuls arts dignes de toi. Nous voyons aussi qu’Anytus, accusateur de Socrate, pour premier chef d’accusation, lui reprochoit que, par la force et la variété de ses discours et de ses disputes, il ébranloit dans les jeunes esprits l’autorité et la vénération due aux loix et aux coutumes