Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/266

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Une autre erreur, originaire de la précédente, c’est une sorte de soupçon et de défiance qui fait qu’on s’imagine qu’il est désormais impossible de découvrir quelque chose de nouveau et dont le monde ait été si long-temps privé. Comme si on pouvoit appliquer au temps cette objection que Lucien fait à Jupiter et aux autres dieux du paganisme. Il s’étonne qu’ils aient tant procréé d’enfans autrefois, et que de son temps ils n’en fassent plus. Il leur demande, en se jouant, si par hazard ils ne sentent pas septuagénaires, et intimidés par la loi Pappia, portée contre les mariages des vieillards[1]. C’est ainsi que les hommes semblent craindre que le temps ne soit devenu stérile et inhabile à la génération ; mais il est sur ce point une manière de juger qui montre bien la légè-

  1. Cette même objection, de mauvais plaisans l’appliquent aux miracles des catholiques, qui en effet sont devenus moins communs depuis qu’on n’y croit plus.