Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/283

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sorte que la matière semble avoir été comme faite à la main ; et que le discours qui exprime l’introduction de la forme, a le style d’une loi, ou d’un décret[1].

De Dieu passons aux Anges, dont la nature est celle qui, pour la dignité, approche le plus de la nature divine. Nous voyons dans les ordres des Anges,

  1. Pour lire avec quelque intérêt ces rêves sur le ciel et ses prétendus habitants, il faut fixer son attention sur deux objets : 1°. sur cette division des facultés humaines, que l’homme a appliquées aux enfans de son imagination et dont il a fait des êtres réels sous différens noms ; ce qui nous rappelle ce mot de Fontenelle : Dieu, nous dit-on, a formé l’homme à son image, mais l’homme le lui a bien rendu. 2°. Sur la dextérité avec laquelle Bacon placé entre des Théologiens scholastiques et un Roi bigot, c’est-à-dire, entre un sot et des fripons, pétrit le dogme et le moule, pour ainsi dire, sur son sujet : ce n’est qu’en cédant quelque peu aux préjugés reçus, qu’on peut insinuer les vérités qui doivent les détruire. Pour détromper les hommes, il faut gagner leur confiance ; et cette confiance, on ne la gagne qu’en paraissant d’abord penser comme eux.