Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/343

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féra un grain d’orge à un diamant ; soit celui de Midas, qui, ayant été choisi pour arbitre entre Apollon qui préside aux muses, et Pan qui préside aux troupeaux, adjugea le prix à l’opulence ; ou encore celui de Pâris, qui, méprisant la puissance et la sagesse, donna la palme à la volupté et à l’amour ; ou celui d’Agrippine, qui exprima ainsi son choix : qu’il tue sa mère, peu importe, pourvu qu’il règne, souhaitant l’empire à son fils, quoiqu’avec une condition si détestable ; ou enfin le jugement d’Ulysse, qui préféra sa vieille à l’immortalité ; véritable image de ceux qui, aux meilleures choses, préfèrent celles auxquelles ils sont accoutumés : ou tant d’autres jugemens populaires de cette espèce. Car ces jugemens seront toujours ce qu’ils sont et ce qu’ils ont été ; mais ce qui subsistera aussi et sur quoi en tout temps la science repose comme sur le fondement le plus solide, fondement que rien n’ébranlera jamais, c’est cette vérité : la sagesse a été justifiée par ses enfans.