Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/360

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l’on vouloit leur apprendre à peser, à mesurer, ou à orner le vent), c’est vouloir que la vertu et la force de ces arts, (qui sont grandes sans contredit, et qui s’étendent au loin), languissent presque méprisées, et dégénèrent en sophismes puériles, ou en affectations ridicules, ou du moins perdent beaucoup de leur crédit : il y a plus ; cet usage où l’on est de faire étudier ces arts-là aux jeunes gens avant le temps, a un autre inconvénient ; c’est qu’on est forcé de les transmettre et de les traiter d’une manière maigre, et en délayant excessivement les pensées, en un mot, d’une manière qui se proportionne à la foible intelligence de cet âge. Une autre espèce de défaut très ordinaire dans les collèges, c’est que, dans les exercices scholastiques, l’on sépare trop l’exercice de la mémoire, de celui de la faculté inventive ; car, dans ces lieux-là, tous les discours sont, ou tout-à-fait prémédités, et conçus précisément dans les termes imaginés auparavant, et alors on ne