Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/372

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tant à l’origine des choses intellectuelles. Les seuls individus frappent le sens, qui est comme la porte de l’entendement. Les images des individus, ou les impressions reçues par les sens, se gravent dans la mémoire, et s’y logent d’abord comme en leur entier et telles qu’elles se présentent, puis l’âme humaine les récole et les rumine. Enfin, ou elle en fait simplement le recensement, ou elle les imite par une sorte de jeu, ou elle les digère en les composant et les divisant. Il demeure donc constaté que de ces trois sources, la mémoire, l’imagination, la raison, dérivent ces trois genres, l’histoire, la poésie et la philosophie[1] ; qu’il n’en est point d’autres et ne peut y

  1. Ce qui ne signifie point du tout que dans chacun de ces trois genres on n’exerce que la seule faculté qui s’y rapporte, mais seulement qu’on l’exerce plus fréquemment et plus spécialement que les autres. Tout étant mêlé dans le monde intellectuel comme dans le monde réel, la dénomination de chaque composé se tire de ce qui s’y trouve prédominant.