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DE LA DIGNITÉ ET ACCROIS.

qu’elle ne peut lui donner. Car, si l’on médite attentivement sur ce sujet, l’on reconnoîtra dans cet office de la poésie une forte preuve de cette vérité : que l’ame humaine aime dans les choses plus de grandeur et d’éclat, d’ordre et d’harmonie, d’agrément et de variété, qu’elle n’en peut trouver dans la nature même, depuis la chûte de l’homme. C’est pourquoi, comme les actions et les événemens, qui font le sujet de l’histoire véritable, n’ont pas cette grandeur dans laquelle se complaît l’ame humaine, paroît aussi-tôt la poésie qui imagine des faits plus héroïques. De plus, comme les événemens que présente l’histoire véritable, ne sont point de telle nature que la vertu puisse y trouver sa récompense, ni le crime son châtiment ; la poésie redresse l’histoire à cet égard, et imagine des issues, des dénouemens qui répondent mieux à ce but, et qui sont plus conformes aux loix de la providence. De plus, comme l’histoire véritable, par la monotonie et l’uniformité