Page:Bacon - Œuvres, tome 1.djvu/448

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
341
DES SCIENCES, L. II. CH. XIII.

rang distingué parmi les autres genres de poésie, et semble avoir quelque chose d’auguste et de sacré ; d’autant plus que la religion elle-même emprunte son secours à chaque instant, pour entretenir un commerce continuel entre les choses divines et les choses humaines. Cependant elle a, comme les autres, ses taches et ses défauts, qui ont pour cause cette frivolité des esprits et cette facilité avec laquelle ils se paient d’allégories. Elle est d’un usage équivoque, et on l’emploie pour des fins opposées. Elle sert, tantôt à envelopper, et tantôt à éclaircir. Dans le dernier cas c’est une espèce de méthode d’enseignement ; dans le premier, c’est un certain art de voiler. Or, cette méthode d’enseignement, qui sert à éclaircir, fut fort en usage dans les premiers siècles ; car les inventions et les conclusions de la raison humaine (même celles qui aujourd’hui sont triviales et rebattues) étant alors nouvelles et extraordinaires, les esprits n’avoient pas assez de prise sur ces vérités abstraites ;