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PRÉFACE

j’ai en vue, je donnerai, pour ainsi dire, un corps à mes idées, et je mettrai en action les diverses régies ou maximes de morale, de politique, de physique et de logique, répandues dans mes autres écrits. Je supposerai cette isle gouvernée par une constitution politique, fort analogue à celle de l’Utopie de Morus, l’un de mes prédécesseurs : constitution qui ne sera qu’une sorte de christianisme réalisé, mais dégagé de toute opinion superstitieuse, purifié de toute observance monacale, et égayé par des cérémonies et des fêtes semblables à celles du paganisme des Grecs, où les présens de la nature, les bienfaits de son auteur, les droits et les devoirs primitifs de l’homme, seront figurés par les vêtemens, les attributs, les gestes, l’ordre et tous les mouvemens des personnages mis en action ; par des types et des emblèmes de toute espèce. Dans la même isle, sera une sorte d’institut scientifique, composé en partie d’hommes entretenus aux dépens du trésor public, lesquels n’au-