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DES SCIENCES, L. II. CH. XIII.

vernement humain, ceux qui sont assis au gouvernail, lorsqu’il s’agit de suggérer et d’insinuer au peuple ce qui lui est utile, y réussissent mieux, à l’aide de prétextes et par des voies obliques, que par des voies directes[1]. Et ce qui peut paroître étonnant, c’est que, dans les choses purement naturelles, on réussit mieux en trompant la nature, qu’en voulant la forcer. Tant il est vrai, que les choses qui se font trop directement, sont ineptes et se font obstacle à elles-mêmes ;

    voir été le plus patient et le plus doux de tous les mortels, mais pour avoir eu l’audace de prophétiser d’après un songe. Il fut le premier homme de l’Egypte pour avoir expliqué un rêve : s’il eût expliqué raisonnablement quelque chose de plus réel, il eût été le dernier.

  1. Il en est du peuple comme des enfans et des malades. Trop souvent, pour le sauver, il faut le tromper : et comme le peuple veut presque toujours le contraire de ce qu’exigent de lui ceux qui le gouvernent, il s’ensuit que pour tout obtenir de lui, il faut quelquefois en exiger tout le contraire de ce qu’on veut qu’il fasse.