Page:Bacon - Œuvres, tome 10.djvu/185

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tique, dont les règles fort strictes, prescrivent une quantité d’alimens extrêmement petite, et toujours exactement le même, tel que fut celui du Vénitien Cornaro, peut contribuer beaucoup à la prolongation de la vie. Cependant on ne laisse pas de trouver des individus très vivaces, parmi ceux qui se gênent moins à cet égard, et qui vivent à peu près comme les autres, même parmi de grands mangeurs, des gloutons, des ivrognes ; en un mot, parmi ceux qui ne se refusent point les plaisirs de la table. Le régime moyen, vulgairement qualifié de tempéré, et si vanté par les médecins ou les philosophes, contribue plus à entretenir la santé qu’à prolonger la vie. En effet, ce régime étroit et mesquin, dont nous parlions d’abord, ne produit qu’une très petite quantité d’esprits, les rend moins mobiles, moins actifs, et les amortit ; en conséquence, il doit consumer moins promptement la substance du corps[1].

  1. Pourvu qu’on n’oublie pas que l’excès à cet