Page:Bacon - Œuvres, tome 10.djvu/188

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dans certains temps, et de faire, dans d’autres temps, d’amples repas, mais en péchant un peu plus souvent par excès que par défaut[1] ; enfin, de mener tantôt une vie pénible et contentieuse, tantôt une vie douce et paisible, mais plus souvent la

  1. L’art de prolonger la vie n’est autre chose que l’art de se rajeunir, de se remonter et de se ressusciter, pour ainsi dire, continuellement : or, ce qui ressuscite et renouvelle le plus puissamment l’homme, c’est la nouveauté même, le changement et sur-tout les oppositions. Toute sensation, tout mode, qui demeure toujours le même et au même degré, devient nul pour nous ; il se détruit ou nous détruit ; il est sinon une cause de mort, du moins un principe d’ennui, espèce de mort commencée. La succession alternative des opposés doit entretenir la vie de l’homme, puisqu’elle entretient la vie de l’univers entier et assure son éternité. Sans ces oppositions et cette prédominance alternative des puissances opposées, toutes les molécules de la matière, comme nous l’avons dit ailleurs, ne formeroient à la longue qu’un seul bloc immense et glacé, qui, après avoir balancé dans l’espace pendant des milliards de siècles, s’arrêteroit enfin au point de zéro, et alors l’éter-