Page:Bacon - Œuvres, tome 15.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
120
DE LA SAGESSE

C’est avec raison que cette vicissitude est représentée ici par l’océan, dont le flux et le reflux en sont la fidèle image. Or, cette providence, dont les dispositions se dérobent à nos yeux, est très judicieusement figurée par la nuit. Les païens avoient aussi quelque idée de cette nocturne (mystérieuse) Némésis, et avoient observé comme nous que les jugemens humains sont rarement d’accord avec les jugemens divins[1].

    dans une heure : il connoit et trace pour ainsi dire, la route que doivent parcourir ces globes innombrables roulant dans les déserts immenses de l’espace ; l’astre qu’il connaît le moins c’est celui qui vit dans son sein. Tout mortel puissant ou foible, savant ou ignorant, est sans cesse sur le bord d’un abîme et dans une situation semblable à celle du navigateur ; il n’y a entre lui et la mort qu’une planche déjà pourrie, ou qui pourrit d’heure en heure : tout veut vivre éternellement et tout passe comme un songe : hommes, planètes, soleils, tout périt, et l’univers même est mortel.

  1. Voyez dans la vie de Paul-Émile par le bon Plutarque le discours que ce généreux et sage Romain prononça devant l’assemblée du peuple,