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DE LA SAGESSE

il apporta ce feu sur la terre, et en fit présent aux hommes, en leur apprenant la manière d’en faire usage. Mais les hommes, après avoir reçu de lui un si grand bienfait, ne le payant que d’ingratitude, formèrent une conspiration contre lui, et l’accusèrent de ce larcin au tribunal de Jupiter. Cette accusation, toute odieuse qu’elle étoit, ne laissa pas d’être agréable à Jupiter et aux autres dieux. Ainsi, satisfaits de la conduite des mortels, en cette occasion, non seulement ils leur permirent de faire usage du feu, mais ils leur accordèrent un don cent fois plus durable et plus précieux, celui d’une éternelle jeunesse. Les hommes, charmés de ce présent, et se livrant à une joie immodérée, mirent imprudemment sur un âne le présent des dieux[1]. Durant le temps de leur re-

  1. Comment s’y prend-on pour mettre une éternelle jeunesse sur un âne ? Il veut dire sans doute qu’ils mirent sur l’âne la drogue, ou la substance dont cette jeunesse éternelle devoit être l’effet.