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DES ANCIENS.

tour, leur âne, poussé par une soif ardente, s’étant approché d’une fontaine gardée par un serpent, celui-ci ne voulut lui permettre de s’y désaltérer qu’à condition qu’il lui donneroit ce qu’il portoit sur son dos, quoi que ce pût être : le pauvre âne, pressé par la soif fut obligé d’accepter cette dure condition ; et ce fut ainsi que la faculté de rajeunir et le don d’une éternelle jeunesse passa de l’espèce humaine à celle des serpens ; elle fut le prix de quelques gouttes d’eau. Lorsque Prométhée qui se réconcilia depuis avec les hommes, vit que le prix de leur accusation leur avoit ainsi échappé, fidèle à son caractère malicieux, et voulant se venger de Jupiter, contre lequel son cœur étoit encore ulcéré, il ne craignit point d’employer la ruse, dans un sacrifice qu’il lui offrit. Il immola donc à ce dieu deux taureaux ; mais ces deux victimes étoient de nature bien différente ; car il avoit mis dans la peau de l’un toute la chair et la graisse des deux, ne laissant à l’autre que les os et