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DE LA SAGESSE

tuelles, passe à la religion ; car la culture des arts a presque toujours marché de front avec le culte divin, qui a été ensuite envahi et souillé par l’hypocrisie[1]. Ainsi ce double sacrifice, ces

  1. Il en a été des religions comme de l’orviétan, de la lanterne magique et d’une infinité d’autres drogues ou machines, inventées par des hommes de génie, et promenées ensuite par des charlatans. Ces doctrines mystérieuses, qui, dans leur première institution, étoient aussi simples que les hommes auxquels elles étoient destinées, furent d’abord un puissant instrument que les premiers sages employèrent pour contenir des hommes aussi féroces qu’ignorans, en attendant qu’ils pussent les instruire, et pour leur faire accroire des vérités de pratique qu’ils ne pouvoient encore leur faire comprendre : puis, d’hypocrites fainéans s’emparèrent de ces doctrines, et jugeant que la crédulité du peuple seroit plus fructueuse pour eux que son instruction, défendirent, sous peine de mort, de lui faire comprendre ce qu’ils vouloient absolument continuer de lui faire accroire ; ajustèrent au corps de la religion une alonge aussi lucrative que mensongère ; condamnèrent le genre humain à une enfance éternelle, et convertirent ainsi le remède en poison.