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DE LA SAGESSE

sein et afin de ne pas en séparer d’autres qui avoient entre eux une liaison et une connexion naturelle : je veux parler de ce crime que commit Prométhée en sollicitant Pallas, et en voulant attenter à la pudicité de cette déesse : car ce fut proprement pour ce crime, le plus grand de tous ceux dont il s’étoit rendu coupable, qu’il fut condamné à avoir les entrailles continuellement dévorées par un aigle. Cette partie de la fiction nous paroît destinée à faire entendre que les hommes, fiers d’avoir porté leurs arts à un certain degré de perfection et enflés de l’étendue de leurs connoissances, tentent souvent de soumettre la sagesse divine à leurs sens et à leur raison ; prétention audacieuse, dont la conséquence nécessaire et la punition naturelle est cette espèce de déchirement et cette perpétuelle agitation d’esprit figurée par le supplice de Prométhée. Ainsi, les hommes doivent, avec toute la modestie et la soumission convenables, faire une juste distinction entre les choses divines et les