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DES ANCIENS

et des mœurs des souverains ; car ces princes ayant l’esprit rempli de pensées affligeantes, et disposé au soupçon, n’admettent pas aisément dans leur familiarité la plus intime, les personnages curieux et pénétrans, dont l’ame est, pour ainsi dire, toujours éveillée et attaquée d’une sorte d’insomnie ; mais ils préfèrent des hommes d’un caractère plus paisible, plus complaisans, disposés à se prêter à tous leurs caprices, insoucians à l’égard des mœurs de leur maître, qui ont toujours l’air de tout ignorer, de ne s’appercevoir de rien et qui semblent être endormis ; enfin, en qui ils trouvent une déférence aveugle plutôt qu’une complaisance étudiée. C’est en faveur des hommes de ce caractère, que les princes veulent bien se relâcher de leur majesté, descendre de leur hauteur, comme la lune descendoit de la sphère supérieure en faveur d’Endymion, et se débarrasser de ce masque imposant qu’ils sont obligés de porter continuellement, et qui est pour eux une sorte de fardeau ;