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DE LA SAGESSE

de la vertu, de la justice et de la paix, engage les hommes à se réunir, pour ne plus former qu’un seul corps, à subir le joug sacré des loix, à se soumettre à l’autorité d’un gouvernement, à réprimer la violence de leurs passions, à écouter les sages maximes que la philosophie leur enseigne, et à les suivre pour leur propre utilité. Lorsque ces leçons de la philosophie fructifient, des édifices s’élèvent, des villes sont fondées, des champs ensemencés, des arbres plantés ; travaux élégamment figurés par ces arbres et ces pierres qui viennent se poser et se ranger avec ordre autour d’Orphée[1]. C’est

  1. M. Deluc, dans le Pamflet qu’il a publié contre nous, ou plutôt contre Bacon, prétend que les sociétés humaines ont eu pour première base des opinions religieuses : on voit ici que le chancelier Bacon n’est pas de ce sentiment. Les hommes, selon lui, selon nous et selon l’expérience, n’ont pas été réunis en société par des motifs si relevés, mais par leurs besoins réciproques, et par l’espérance des secours qu’ils pourroient tirer les uns des autres, en se rapprochant ainsi, comme