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DES ANCIENS.

encore avec beaucoup de jugement et de méthode que l’inventeur de cette fable suppose que les philosophes ne se sont

    les castors, les abeilles et les fourmis, etc. qui leur en donnoient l’exemple. La vue des avantages dont jouissoient deux individus qui s’étoient avisés de s’associer ainsi, aura déterminé successivement 10, 100, 1000 individus à se réunir de la même manière, pour jouir des mêmes avantages : sans compter que l’homme, sitôt qu’il ouvre les yeux, est en société, et qu’une seule famille, en se ramifiant et en étendant ses rameaux, peut avec le temps former une société immense, sans le secours de la croix et de la bannière. Or, la cause de la formation des sociétés humaines est encore aujourd’hui celle de leur conservation ; c’est encore le besoin réciproque qui force les hommes à vivre ensemble, sous peine de vivre tous fort mal, et quelquefois même de ne point vivre du tout. À la vérité, la jalousie et la défiance réciproques, filles de l’inégalité, fille elle-même d’une imparfaite association, tendent continuellement à les diviser ; mais le sentiment continuel de ce besoin réciproque, plus fort que ces deux passions anti-sociales, les tient serrés les uns contre les autres ; et si les ames se séparent, du moins les corps se rapprochent. J’ai peine à me persuader que des