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des anciens.

étant infiniment petits (et indestructibles), demeurent, pour ainsi dire, dans une perpétuelle enfance ; c’est aussi avec d’autant plus de fondement qu’on le suppose nu, qu’aux yeux de tout homme qui se fait une juste idée des composés, ils paroissent comme vêtus et masqués. À proprement parler, il n’est dans la nature rien de nu sinon les élémens de la matière. La supposition de l’aveuglement de Cupidon est aussi une très judicieuse allégorie ; car ce Cupidon, de quelque nature qu’il puisse être, semble être totalement dépourvu de providence (d’intelligence) ; son mouvement et sa direction dépendant uniquement des corps qui l’avoisinent, et dont il sent l’action ; il se meut, pour ainsi dire, à tâtons, comme les aveugles ; ce qui doit nous donner une plus haute idée de cette providence divine et souveraine qui, de ces atomes tout-à-fait dépourvus de providence (d’intelligence) et comme aveugles, mais nécessités par une loi fixe et émanée d’elle, a su tirer ce bel ordre et