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DES SCIENCES, L. IV. CH. I.

l’on préfère la première donneuse de recettes et le premier charlatan, au plus savant médecin. Aussi les poëtes ont-ils prouvé qu’ils avoient des yeux et fait preuve d’une grande pénétration, lorsqu’ils ont donné pour sœur à Esculape l’enchanteresse Circé en supposant que l’un et l’autre étoiént enfans du soleil. C’est ce qu’on voit dans ces vers sur Esculape, fils de Phébus :

Ce fut lui qui frappa de la foudre l’inventeur de ce grand art, le fils de Phébus, et le précipita dans les eaux du Styx.

Et par ces autres vers sur Circé, fille du soleil :

Où l’opulente fille du soleil dans des bois inaccessibles à la foible lueur des astres de la nuit, brille le cèdre odoriférant.

Car c’est dans tous les temps qu’on voit, du moins quant à l’opinion vulgaire et à la renommée, les charlatans les vieilles, les imposteurs, rivaliser, en quelque manière, avec les médecins, et lutter avec eux pour la célébrité des