Page:Bacon - Œuvres, tome 2.djvu/327

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veloppé et offusqué, comme il l’est, par le corps, soit semblable à un miroir bien poli et bien net, qu’au contraire c’est une sorte de miroir magique et enchanté, qui ne présente que des fantômes. Or, les fantômes qui en imposent à l’entendement dérivent de trois sources, ou de la nature même et universelle du genre humain, ou de la nature particulière de chaque individu, ou enfin des mots, c’est-à-dire de la nature communicative[1]. Ceux du premier genre, nous les appelons ordinairement fantômes de tribu ; le second, fantômes de caverne ; le troisième, fantômes de commerce. Il est aussi un quatrième genre que nous désignons par le nom de fantômes de théâtre, et qui est comme entassé sur les autres par les mauvaises théories ou philosophies, et par les fausses règles de démonstrations : ce dernier genre, on peut l’abjurer et s’en débarrasser. C’est pourquoi nous n’en

  1. Car les mots sont l’instrument de la communication, des pensées.