Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/211

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(comme on le dit communément), elle devient une seconde nature. Mais, si l’on s’y prend gauchement, et si l’on marche au hazard, l’habitude ne sera plus que le singe de la nature ; et au lieu d’en être la fidèle imitation, elle n’en sera qu’une copie mal-adroite et grimaçante.

De même, si nous voulions parler des livres et des études, de leur influence et de leur pouvoir sur les mœurs, n’aurions-nous pas sous notre main une infinité de préceptes et de conseils utiles tendant ce but ? Un des saints personnages, dans son indignation, n’appelloit-il pas la poésie, le vin des démons ; vu qu’en effet elle excite une infinité de tentations, de désirs désordonnés et de vaines opinions ? N’est-ce pas encore un mot bien judicieux et bien digne d’attention, que cette sentence d’Aristote ? Les jeunes-gens n’ont point d’aptitude pour la morale et sont de mauvais disciples en ce genre ; parce que, chez eux, l’effervescence des passions n’est pas encore calmée et assoupie par l’âge et l’expérience ; et, s’il