Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avança quelque peu le pied hors des bornes de sa dissimulation naturelle : ces propos, dit Tacite, arrachèrent enfin quelques mots à cet homme si caché ; et usant d’un vers grec pour la reprendre, il lui dit : ce qui vous déplaît, ma fille, c’est de ne pas régner[1]. Aussi le poëte, pour donner une idée de ces grandes émotions, les qualifie-t-il de tortures, parce qu’elles forcent les hommes à révéler leurs pensées les plus secrètes :

Le vin et la colère lui donnant la torture[2].

Certes, l’expérience même atteste qu’il n’est point d’homme tellement fidèle à son secret et maître de lui-même, qui, de temps à autres, soit par l’impétuosité

  1. Il faut se rappeler ici qu’Auguste avoit ou quelque dessein de désigner pour son successeur Germanicus, époux d’Agrippine.
  2. L’appliquant, pour ainsi dire, à la question, et lui donnant la torture, pour le forcer à dire ce qu’il pense.