Page:Bacon - Œuvres, tome 3.djvu/356

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son caractère, d’en ôter les obstacles, d’en défaire, pour ainsi dire, les nœuds. Il est plus aisé, en défaisant ces nœuds et en levant ces obstacles et aplanissant la route, de se frayer un chemin à la fortune, qu’il ne l’est de lever ces obstacles, à l’aide des secours qu’on peut tirer de la fortune même. Au second rang je mets les richesses et sur-tout l’argent, que bien des gens seraient tentés de mettre au premier rang, vu le grand service dont il est en toutes choses. Cette opinion néanmoins nous la rejetons, par la même raison qui a porté Machiavel à le faire, par rapport à un autre objet peu différent de celui-ci. Car, comme un ancien proverbe dit, que l’argent est le nerf de la guerre, il soutient au contraire que le vrai nerf de la guerre n’est autre que le nerf même des hommes courageux et guerriers. C’est précisément dans le même esprit qu’on peut dire que le vrai nerf de la fortune n’est pas l’argent, mais bien la vigueur de l’âme, le génie, la fermeté, l’audace, la cons-