Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/179

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lui répondrai-je que semble épargner la physique, grossière et superficielle, que nous cultivons, elle ne fait que les multiplier. Tant que nous ne considérons qu’en masse les effets composés et les combinaisons de causes, nous n’avançons que très lentement dans l’étude de la nature ; et à chaque nouvelle combinaison qui se présente à expliquer, à prédire, ou à produire, nous sommes obligés de faire une étude nouvelle et expresse. Au lieu que, si nous connoissions l’effet propre de chaque cause élémentaire et l’influence réciproque des diverses causes, nous pourrions d’abord, en réunissant ces connoissances, expliquer les effets qui ont eu lieu, prédire l’effet composé des causes qui se combinent actuellement, lire ainsi dans le passé ou dans l’avenir, beaucoup mieux que nous ne lisons dans le présent envisagé confusément, et nous épargner, à cet égard, les plus grands frais de l’expérience ; puis, réalisant nous-mêmes les combinaisons de causes dont nous disposons, non-seulement imiter la nature, mais même la surpasser, en faisant promptement ce qu’elle fait lentement ; complètement, ce qu’elle ne fait qu’en partie ; fréquemment, ce qu’elle fait rarement ; et quelquefois ce qu’elle ne fait jamais. Sans doute, nous dit-on encore, mais l’utilité de telles découvertes n’en prouve point du tout la possibilité ; reste donc à savoir si en effet elles sont possibles.