Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/189

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des imaginaires, et vraiment faits pour la scène. Nous ne parlons pas seulement ici des opinions philosophiques, et des sectes qui ont régné autrefois ; mais, en général, de toutes celles qui ont pu ou peuvent encore exister, attendu qu’il est encore assez facile de composer une infinité d’autres pièces du même genre, les erreurs les plus opposées ayant presque toujours des causes toutes semblables[1].

  1. Ces causes se réduisent presque toutes à une seule, savoir l’exagération. L’homme ne regarde chaque objet que de profil : il veut juger du tout, par la seule face qu’il connoît, ou veut envisager ; et selon que cette face lui plaît ou lui déplaît excessivement, il aime ou hait, estime ou méprise ce tout. De cette manie de juger un tout dont on ne voit ou ne montre que la moitié, est né l’art du paradoxe, que possédoient si éminemment Rousseau et Linguet, sorte de Rousseau travesti. Tout leur secret consistoit à détourner l’attention du public de la face qu’il étoit accoutumé à considérer dans chaque sujet, et de ne lui présenter que la face opposée ; de montrer le côté droit à qui ne voyoit que le coté gauche, et le