Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/202

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rejette donc les choses difficiles, parce qu’il se lasse bientôt d’étudier les opinions modérées, parce qu’elles rétrécissent le cercle de ses espérances ; les profondeurs de la nature, parce que la superstition lui interdit ces sortes de recherches ; la lumière de l’expérience, par mépris, par orgueil et de peur de paroître occuper son esprit de choses basses et périssables ; les paradoxes, parce qu’il redoute l’opinion du grand nombre[1]. Enfin, c’est en mille manières, quelquefois imperceptibles, que les passions modifient l’entendement humain, en teignent, pour ainsi dire, et en pénètrent toute la substance.

  1. Un paradoxe est presque toujours une erreur, et plus souvent encore une affectation, comme je l’ai fait voir dans une des notes précédentes ; cependant un paradoxe peut quelquefois être une vérité. Ce mot signifie seulement une opinion contraire aux opinions reçues, ou qui en diffère beaucoup ; et lorsque l’opinion publique s’éloigne beaucoup de la vérité, en s’éloignant beaucoup de cette opinion, on s’éloigne d’une erreur, et il se peut qu’alors on se rapproche de la vérité.