Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/203

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L.

Mais le plus grand obstacle et la plus grande aberration de l’entendement humain, a pour cause la stupeur, l’incompétence et les illusions des sens. Nous sommes constitués de manière que les choses qui frappent immédiatement nos sens, l’emportent dans notre esprit sur celles qui ne les frappent que médiatement, quoique ces dernières méritent la préférence. Ainsi, dès que notre œil est en défaut, toutes nos réflexions cessent à l’instant ; on n’observe que peu ou point les choses invisibles[1]. Aussi toutes ces actions si diversifiées qu’exercent les esprits renfermés dans les corps tangibles, ont-elles échappé aux hommes, et leur sont-elles entièrement inconnues[2].

  1. Par leurs effets visibles.
  2. Il parle souvent de ces esprits renfermés dans les corps tangibles, et ne pense jamais à prouver leur existence. Mais sans remonter à l’origine des choses et à la formation de l’univers, comme Descartes, on conçoit aisément que, de