Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/212

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LVI.

Il est des hommes qui s’extasient devant l’antiquité ; d’autres sont amoureux de leur siècle, et embrassent toutes les nouveautés. Il en est peu qui soient de tempérament à garder quelque mesure, et à tenir le juste milieu entre

    C’est assez de bien choisir son pain et son épouse ; mais il ne faut considérer ni l’un ni l’autre avec une loupe, de peur d’apprendre ce qu’il vaut mieux ignorer. D’un autre côté, il ne semble pas très nécessaire de pointer sa lunette sur Saturne, pour savoir s’il faut saler sa soupe ; et avant de voyager dans l’univers, il est bon d’apprendre d’abord à vivre chez soi. Mais ces deux genres d’esprit sont utiles, et l’un à l’autre et à la société : ils se balancent réciproquement et chacun des opposés, tirant l’autre à lui, le tire par cela même vers le milieu auquel ils doivent tendre tous deux. L’auteur de la balance naturelle et de la méchanique morale est entré dans de grands détails sur les causes physiques et morales de cette opposition naturelle des esprits, et sur les moyens d’augmenter ou de diminuer à volonté, en soi ou dans les autres, l’une ou l’autre de ces deux facultés opposées.