Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/227

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Généralement parlant, quand il s’agit de rassembler des matériaux pour la philosophie, où il y a peu à prendre, on prend beaucoup et où il y auroit beaucoup à prendre si l’on vouloit, on prend fort peu ; en sorte que, soit qu’on prenne d’une part ou de l’autre, ce corps d’expérience et d’histoire naturelle, sur lequel on veut asseoir la philosophie, forme une base trop étroite. La tourbe des philosophes rationnels se contente d’effleurer l’expérience, prenant ça et là quelques observations triviales, sans avoir pris la peine de les constater, de les analyser, de les peser ; puis ils s’imaginent qu’il ne leur reste plus autre chose à faire qu’à tourner leur esprit dans tous les sens, et à rêver à l’aventure.

Il est une autre espèce de philosophes, qui, n’embrassant qu’un sujet très limité, et s’attachant à un petit nombre d’ex-

    richir en multipliant nos jouissances ; mais il ne fait réellement que nous appauvrir ; il nous donne cent fois plus de besoins qu’il n’en satisfait.