Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/266

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bien choisis, et quelquefois d’un seul ; comme deux propositions contradictoires ne peuvent être fausses en même temps, dès-lors le principe est prouvé sans réplique. Ainsi le vrai moyen d’abréger et d’assurer la démonstration d’un principe, c’est de faire voir d’abord que la proposition contradictoire est absurde, c’est-à-dire, diamétralement opposée à quelque proposition évidente et incontestable, soit axiome, soit définition, ou énoncé collectif d’observations directes. Ce sujet est sans doute ennuyeux ; mais comme cette méthode mène à la certitude, en épargnant des longueurs et de fréquentes méprises, ces avantages compensent abondamment l’attention et la peine qu’elle exige. Au reste, il est bon d’observer que la plupart des propositions générales affirmatives de l’ordre moral, et même la plupart de celles de l’ordre physique, ne doivent point être prises dans un sens rigoureux et dans toute leur apparente universalité ; on doit entendre seulement que ce qu’elles affirment, est ce qui arrive le plus souvent et doit être attribué au plus grand nombre des espèces du genre qui en est le sujet ; degré de généralité qui suffit pour donner de la solidité aux règles de la prudence ; car, au défaut d’une certitude absolue à laquelle on peut rarement parvenir, elle nous prescrit de suivre l’opinion ou la parti qui a pour soi la plus grande probabilité. Mais