Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/276

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entre la physique et la morale, auxquelles elle est commune. Tout physicien qui élève un peu ses vues, si nous en croyons le chancelier Bacon, tombe tôt ou tard dans la théologie naturelle et dans la question des causes finales. Il y tombe au moment où, à force de remonter de cause en cause, il se fait enfin cette question : quel est le grand ressort de cette vaste horloge ? qui est-ce qui l’a montée, et la remonte sans cesse ? quelle est la véritable destination du tout et de ses parties dont je suis une ? est-ce la volonté d’un être immatériel qui imprima le mouvement à cette machine, et qui l’y entretient ? ou bien sont-ce des forces inhérentes à toutes les parties de la matière et éternelles comme l’univers même ? Mais à quoi bon se faire cette question, nous dira-t-on ? Le mouvement est donné, acceptez-le tel qu’il est, et, au lieu d’en chercher le principe, contentez-vous d’en bien observer les loix. Voici en quoi importe cette question même en physique. Si c’est la volonté d’un Dieu qui imprima le mouvement à l’univers et qui l’y entretient, le plus sûr est de ne vouloir que ce qu’il veut, de laisser le monde tel qu’il est, et d’y jouer, au physique, un rôle presque entièrement passif, en se rendant actif, seulement au moral. Mais si le principe universel d’action est une certaine matière, par exemple, un fluide, alors il se peut que l’hom-