Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/455

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et ce qu’on pense équivaut encore moins à ce qu’on voit. C’est sur-tout en prenant une plume qu’on prend des prétentions, et qu’on se hâte d’écrire avant que d’avoir achevé de penser.

(d) Quand l’expérience sera enfin devenue lettrée. Notre auteur semble ici attacher à cette dénomination, l’expérience lettrée ; une signification différente de celle qu’il lui donne dans l’aphorisme suivant, et dans le chapitre II du livre IV du premier ouvrage, Car, ici il vent dire, qu’au lieu de s’en fier à sa seule mémoire, il faut écrire toutes ses observations ou ses expériences à mesure qu’on les fait ; et faire, sur cet écrit, toutes les comparaisons nécessaires pour découvrir les causes ; parce que, sans cette précaution, l’esprit qui est naturellement inconstant, et ennemi de toute contrainte, se jettera bientôt à côté, et s’écartera ou de la méthode qui doit le diriger, ou du sujet même. Au lieu que, dans l’aphorisme suivant, et dans le passage cité du premier ouvrage, il fait entendre que, pour multiplier plus aisément et plus complètement les variations, extensions, translations, applications, etc. d’une expérience en observation déjà connue, il faut se pourvoir d’une espèce de table de lieux communs, tels que ceux-ci : variation de l’expérience, du sujet sur lequel elle a été faite, à un autre sujet ; d’une partie de l’un de ces sujets, à une autre partie du